Encres noires manuscrites au carbone

Source : Foucher M.-H Flieder F Les encres noires manuscrites au carbone: Selection et mise au point de differentes techniques permettant leur analyse, dans Les documents graphiques et photographiques: analyse et conservation. Centre National de la Recherche Scientifique. (1988-90), p.125-148.

Les deux autrices présentent dans cet article une synthèse sur la fabrication des encres noires et distinguent plusieurs catégories:

  • Encres métallo-galliques composées d’extraits végétaux divers contenant des tanins et d’un sel métallique formant un complexe noir auquel est ajouté un liant : le plus souvent de la gomme arabique.
  • Encres au carbone composées d’un pigment noir et d’un liant.
  • Encres mixtes qui utilisent des éléments des deux classes précédentes.
  • Encres incomplètes qui sont des encres métallo-galliques auxquelles manque un des éléments.

Cette typologie s’appuie sur les observations développées par Monique Zerdoun dans son livre sur les encres noires au Moyen Âge.

L’article analyse aussi les pigments ou catégories de pigments les plus fréquents: laque de résine de sumac, charbon, suies ou produit de calcination. On utilise aussi pour obtenir un pigment noir des produits résineux, des huiles végétales, du saindoux. Du côté des liants, l’article distingue les liants protéiques (blanc d’oeuf, colles de corne ou de peau) et les liants glucidiques (gomme arabique ou miel). les recettes incluent aussi le camphre, le bois de santal, les clous de girofle, les extraits de plantes ou le lapis-lazuli, à titre d’additif. Pour obtenir un pigment noir par calcination, on utilise les sarments de vigne, les noyaux de pêche ou la lie de vin.

La deuxième partie de l’article évoque les méthodes d’analyse possibles pour étudier les encres anciennes ou modernes. Dans la perspective de l’étude des encres anciennes, utilisées sur des documents patrimoniaux,

Analyses microscopiques: l’article suggère l’utilisation de la microscopie otique pour mettre en évidence la forme des particules. Le microscope électronique permet des mesures sur le diamètre des particules, leur diffusion et leur forme.

Analyses spectroscopiques: L’infrarouge a été étudié dans plusieurs études, en particulier pour comparer les spectres d’un noir décarbonisé. Sur ces techniques spectroscopiques, les autrices concluent ainsi, p. 133 :

“La spectroscopie infrarouge pourra donc être utilisée afin de mettre en évidence le phosphate du noir animal. Elle permettra peut-être également d’identifier les pigments par l’intermédiaire de leurs fonctions superficielles”.

Diffraction de rayons X : La méthode repose sur l’analyse de la structure cristalline (le graphite naturel) ou non cristalline des particules. Sur l’intérêt de cette méthode, l’article conclut p. 135: “La diffraction des rayons X ne permettra probablement pas d’identifier les pigments noirs en fonction de leur structure. Par contre, la mise en évidence des impuretés cristallisées existant dans certains pigments permet d’envisager une application de cette méthode, notamment pour reconnaître le noir animal grâce aux rares caractéristiques de l’hydroxyapalite”.

Analyses chromatographiques : pose le problème du prélèvement d’échantillon.

Etude des groupements fonctionnels superficiels : C’est la spectroscopie infrarouge qui est utilisée. Sur ce point, l’article conclut p. 136: “La détermination de la nature des pigments pourrait être réalisée par la mise en évidence de leurs groupements fonctionnels. Cependant, les réactions d’identification semblent difficiles à adapter à des microprélèvements d’encre, les risques d’interaction entre le liant organique et ces fonctions étant importants.